La Haute Route ( 2015/2017 )


La Haute Route, c’est une longue et belle histoire.

Elle commence pourtant par deux frustrations.

En 2013, je fais le démarchage pour l’école de massage qui obtient le contrat et la Haute Route tombe sur les dates de la reprise du travail.

En 2014, je suis bien présent mais uniquement en tant que masseur, dans les Dolomites, une région où je n’ai encore jamais posé mes roues, un déchirement même si je parviens à aller grimper le Stelvio avec un vélo prêté par Mavic, un jour pluie glaciale mais le mythe est tombé.

Les Haute Route 2015 et 2017 allaient être de fabuleux souvenirs de ma vie de cycliste. C’était un sacré défi logistique, physique et mental, je participerai à l’épreuve le matin et je masserai l’après-midi, il s’agira donc de ne pas traîner en route.

Ma première expérience allait être dans les Pyrénées en 2015, juste avant mes 30 ans, j’accompagnais le vainqueur de la Haute Route 2014 dans les Dolomites que j’avais régulièrement massé et avec qui j’étais resté en contact.

Dès la première étape, qui arrivait en haut de la Pierre Saint-Martin, après 170 kilomètres et 3500 mètres de dénivelé, je me disais que ça allait être une semaine éprouvante avec en plus, les nombreux transferts à gérer le soir, parfois le matin, ce qui allait me faire parfois faire près de 20 kilomètres pour gagner le lieu de départ, tandis que Fabrice, l’un des masseurs, s’occupait de convoyer mon véhicule.

La troisième étape entre Pau et Hautacam allait me permettre de faire une belle rencontre, celle d’Olivier Dulaurent, coach et cycliste passionné, nous nous retrouvions dans un groupe où nous étions les seuls à prendre les relais, nous échangerions sur nos activités et c’est grâce à lui que j’interviendrai plus tard chez DSO, comme quoi mettre le nez à la fenêtre du peloton, ça peut payer, message aux ratons, surnom que l’on donne régulièrement à ceux qui sautent leurs relais, qui profitent impunément du travail des autres. J’avais ensuite roulé à bloc dans la vallée pour Stefan et regagner le sommet du terrible Hautacam avait été un bel enfer.

Je menais régulièrement les groupes tant dans les montées où mon rythme régulier était une opportunité pour beaucoup de se caler sur le bon tempo que dans les plaines où j’étais souvent le meilleur rouleur (et le pire grimpeur), en tous cas souvent le plus généreux. Il faut dire aussi que les descentes me permettaient souvent de rejoindre le groupe en amont, ce qui m’avait aussi valu une belle frayeur dans la descente du col de Peyresourde, les motards et cameramen m’avaient repairé et voulaient faire de belles prises de vue et j’avais failli percuter de plein fouet un véhicule arrêté sur la chaussée, la moto ne s’écartant pas, j’étais à plus de 85 kilomètres/heure à ce moment et j’avais vu la voiture de trop près à mon goût…

Je me faisais souvent plaisir sur les débuts d’étape avec de belles échappées, attaquant notamment l’Aspin seul en tête en 2017 après avoir attaqué pratiquement dès le départ, un pari fou avec ces 30 kilomètres de faux-plat montant pour arriver à Sainte-Marie-de-Campan, pied du col. Repris à 4 kilomètres du col par un peloton mené par Olivier avec qui je travaillais chez DSO depuis maintenant 2 ans.

J’étais aussi connu de nombreux coureurs comme étant « le masseur », comme aux yeux de mes collègues masseurs, j’étais vu comme « le cycliste ». Ils étaient d’ailleurs aux petits soins pour moi, ils m’aidaient à mieux récupérer et me plaçaient dans les meilleures conditions, préparant ma table de massage, me massant à l’arrivée des étapes, c’est souvent possible car j’arrivais souvent assez tôt, j’étais généralement dans le premier huitième des concurrents et le duo douche-repas était souvent bouclé en à peine 20 minutes, je prenais souvent 10 minutes pour une micro sieste et quelques étirements.

Beaucoup de concurrents souhaitaient m’avoir au massage, cela leur permettait d’échanger sur leurs efforts avec quelqu’un qui l’avait aussi vécu et souvent d’avoir un roadbook sur l’étape du lendemain, car je commençais à très bien connaître les différents cols du parcours, je leur donnais souvent des conseils cyclistes, et cela me permettait de bien travailler la pratique de mes langues étrangères, notamment mon espagnol en 2017 dont j’avais commencé l’apprentissage avec Ana. Dans les Pyrénées j’avais été servi, tout une équipe espagnole souhaitant m’avoir au massage.

En 2017, j’avais enchaîné les Pyrénées et les Alpes, ce qui avait été trop, j’avais terminé totalement carbonisé après 14 jours, 1800 kilomètres et plus de 40000 mètres de dénivelé, ne parvenant même pas à terminer l’étape s’achevant au col du Granon, malade. J’avais refusé la médaille à l’arrivée de la dernière étape, ne me considérant ainsi pas comme un finisher.

Mais la Haute Route, cela avait d’abord été de merveilleuses rencontres humaines tout au long de ces semaines de partage, des rencontres de cyclistes comme Olivier, Stefan, Christian, Pierre, Loïc, David, Marvin, Emma et de bien belles rencontres de masseurs également comme Morgane, Franck, Marie et bien d’autres.

Avec les stages chez DSO cela avait été la meilleure expérience d’à la fois vivre de cette envie et de ce besoin de vélo en le combinant avec le travail, une de mes activités secondaires qui m’apportait calme et partage en même temps que j’apportais aux autres.

J’espérais revenir sur cette épreuve, avec un jour un plus grand challenge de performance.