L’idée qu’on m’aime m’est insupportable. Je ne suis pas celui qu’on pense.

Si la vie est un livre, les jours en sont les pages,
Chaque jour la longue liste des échecs, des espoirs laminés noircit le papier d’une encre de sang foncé tandis que la liste des réussites semble à jamais figée comme la statue d’une gloire déchue.
J’aimerais pouvoir arracher et brûler toutes les pages déjà écrites mais ce récit ne se conjugue pas au passé, il est un quotidien qui reprend inlassablement le même éditorial…
Chaque jour je veux ouvrir une nouvelle page sans penser au jour qui suit, ni surtout à celui qui précède
Ma vie me contrôle au lieu que je contrôle ma vie
Et pourtant si je me demande : « qu’est ce qu’il te manque pour être heureux, qu’est que tu changerais » il n’y a pas grand chose… simplement contrôler ma vie, mes actes peut-être
Vouloir faire du cyclisme à 100% je ne l’assume clairement pas…

Tellement loin du haut niveau … mais tellement loin d’avoir mis les choses en œuvre pour y arriver.
Quand je me pose la question, qu’est ce qui m’a déjà rendu heureux … Je n’ai pas de réponse
Chaque jour demain peut être ton dernier jour, je ne veux pas mourir sans avoir utiliser 100% de mes ressources
A certaines périodes, il était clairement impossible que je laisse quelqu’un me regarder manger, même la simple idée qu’on m’imagine en train de manger me dégoûtait
J’écris … Et je me rends compte que le même texte pourrait être un livre de rédemption comme une dernière lettre qu’on laisserait pour expliquer l’irréparable …
J’ai eu de la chance d’avoir des parents qui m’aiment mais, (hélas ?), ils ne me connaissent pas, n’ont pas la moindre idée de ce que j’ai dans la tête.
Ils aiment celui qu’ils veulent voir, pas celui qui existe.
J’ai tellement perdu confiance en moi que donner un cours en groupe m’est devenu impossible…

Le regard des autres, parler devant un groupe… Tout ça me fout la peur au ventre. Je me demande comment j’ai fait avant et pourquoi on m’a fait confiance comme prof, je me sens tellement nul.
A presque 27 ans, je me rends compte que je n’ai jamais connu aucun moment de bonheur, jamais connu ce sentiment de liberté et que la seule chose qui puisse me faire vibrer c’est le vélo.
Je me pose des questions :
J’attends quoi de ma vie ???
Comment je vais vivre avec mes regrets ?
Tous les jours je pense à m’abandonner à la douceur de la mort, à l’idée que tout s’arrête en un instant, qu’il n’y ait plus de douleur, de stress, de questions, de haine …
Tous les jours, « Ma vie commence demain »
Dans les jours les plus sombres de mon existence, le feu a vacillé, s’est étouffé mais ne s’est jamais éteint complètement
Je pars pour me retrouver
Je pars pas en vacances, je pars en mission
Comme le joueur de poker je mise mes derniers jetons.
Je veux me retrouver, savoir ce qui est en moi
Je veux étaler sur la feuille et les routes ce que j’ai dans le plafond
Quand je prends le train je me retrouve entouré de moutons
Je veux juste aller a contre-courant, prendre une autre direction
Ma vie n’a plus de sens
J’ai peur de me lancer
Peur de perdre ce que j’ai
Rien avoir je préférerais
Si je ne le fais pas ma conscience ne me laissera jamais tranquille
Je crois que je peux tirer beaucoup de ces épreuves, que je peux en tirer une force qui compense le temps perdu dans ma volonté, dans une envie d’aller de l’avant
J’ai envie qu’a travers le récit de mon expérience, je puisse servir à ceux qui souffrent comme j’ai souffert en silence, à réagir comme ce livre m’a aidé à guérir de mon mal.
Je n’ai jamais eu de modèle car je me suis toujours senti différent
Ce soir je me dis : « toute ma vie j’ai eu le sentiment d’être en retard, de courir après le temps… ce soir je sens que j’ai x minutes d’avance sur mon destin et je me sens invincible »