De retour d’une semaine magique au Triangle Sud Berry, retour à la maison, retour des crises d’angoisse, alors je prends mon vélo pour rouler, en pleine nuit.

Il est minuit passé, j’décide d’enfourcher ma bicyclette
à force d’réfléchir jm’en suis donné des maux de tête
et puis à vrai dire on s’en calisse de l’horloge
j’ai quelques idées sombres auxquelles je dois faire rendre gorge
alors plutôt que de craquer plus violent qu’du popcorn
c’est toujours mieux d’aller s’enfiler quelques bornes
on va aller s’prendre un bon p’tit bol d’air
c’est parti direction la ligne droite d’Achères
et puis à l’heure où la ville s’est mise en veille
j’trouverai là bas 1 ou 2 chouettes en éveil
et puis ai je vraiment besoin d’être accompagné
à croiser mon reflet dans une vitre j’suis déjà plusieurs dans le même panier
c’est parti pour un p’tit face à face avec dame nature
au milieu des arbres cent feuilles pour mon écriture
des couplets et un biclou, c’est vraiment mes Idéfix
avec ça comme potion, j’me sens plus irréductible qu’Astérix
(et puis impossible de m’arrêter, là j’suis en pignon fixe)
et c’est vrai que quelque part j’ai eu du flair
la truffe au vent j’me remets les idées claires
en plus j’fais des rencontres, la première j’devine un marcassin
il m’a regardé chelou quand j’lui ai dit « salut cousin »
un peu plus loin, j’ai aperçu dans un champ quelques garennes
j’en ai même pris un dans mes feux, il m’a regardé comme si j’lui faisais d’la peine
et au détour d’un fourré, un renard, j’lui ai cligné du sourcil
lui faire du charme, moi qu’ai toujours voulu un pote goupil
au moment de rentrer j’ai même croisé un bougre qui faisait du sport
comme quoi se bouger la nuit est un bon trompe la mort
si ça se trouve au loin y avait des guss aux champignons
la nuit est comme le jour, elle a vraiment ses champions
à m’lire déblatérer tant de sottises, vous m’prendrez pour un somnambule
mais j’recherchais mon équilibre à la manière d’un funambule
désolé pour la faune j’ai poussé 2, 3 hurlements primaires qui v’naient du ventre
un deuxième cerveau à prendre en compte quand on s’recentre
j’repense aux difficultés d’ces derniers mois, quand j’ai repris le bon tournant
alors j’me dis qu’ce s’rait trop con de lâcher là maintenant
mais j’vais pas m’la jouer façon flatteur éhonté
y a encore bien des épreuves à affronter
alors j’vais continuer à la façon d’un forcené
à pédaler aussi fort qu’je suis con dans mes combats à mener
mais au moins j’ai ressenti l’espace d’une sortie que j’étais libre
qu’sous les étoiles j’avais retrouvé l’œil du tigre
bref ce soir j’me suis encore offert une p’tite folie
il est temps d’rentrer tranquille et d’vite filer au lit

 

UNE NUIT A VELO (23.08.2018)