Au départ, Merryl m’envoie un message sur les urnes funéraires, ce texte aura 3 conséquences…

Il incitera davantage Merryl à se livrer sur son envie de mourir, il me fera passer le cap de la peur de la mort, il sera une porte ouverte pour affronter d’autres peurs.

On pourrait voir ça comme mon testament, ou du moins une ébauche
merci d’exhumer le texte une fois que j’aurai passé l’arme à gauche

Quand sera venu l’heure que la faucheuse fasse son œuvre
Que l’horizon funeste m’agrippe comme une pieuvre
Quand on ne parlera plus de moi qu’au passé
Que j’appartiendrai au monde des trépassés
Quand de la vie j’aurai fini de porter le fardeau
Quand mes proches auront comme pensée celle de mon tombeau
Je voudrais qu’on se rappelle de cette dernière demande
Je voudrais que l’on m’offre cette dernière offrande
Inutile de m’offrir quelconque cérémonie
Nul besoin du ton monotone des plus belles symphonies
Nul besoin d’éloge funèbre non plus
Nul besoin de faire le rappel de mon vécu
Si vous souhaitez honorer ma mémoire
RDV plutôt au bar pour quelques coups à boire
Célébrez moi en trinquant pour un dernier verre
Riez aux éclats en vous remémorant mes plus pathétiques vers
Et de grâce moi qui de mon vivant
Malgré avoir été une fripouille, un petit délinquant
N’a jamais connu les prisons et leurs murs étanches
Ne les laissez pas m’enfermer entre 4 planches
Moi qui n’ai jamais aimé être enfermé
je ne veux pas finir sous la terre
Ne m’abandonnez pas, une fois périmé
à l’oubli gisant du fond d’un cimetière
Quel lugubre destin, pour un homme du soleil
D’être condamné à l’ombre, pour un perpétuel sommeil
Nul besoin de pierre tombale comme sépulture
À quoi bon un monument quand on devient pourriture
Et à vrai dire, s’il me reste en cet instant une once de fraîcheur
faites en sorte que dans la poitrine d’un vivant
Continue de battre mon cœur,
continue de vivre quelconque sentiment
Que mon égoïsme me paraîtra lointain
Une fois que plus rien je n’aurai besoin
Donnez tout ce qu’il reste de bon en moi, en mes organes
à ceux que la vie aura rendu nécessiteux
Donnez tout ce qu’il reste de mon patrimoine
jusqu’à la prunelle de mes yeux
Car qu’y a t il de beau et de plus fort
De pouvoir donner la vie alors que l’on soit déjà mort
Quand mes entrailles en seront alors à l’aube
D’être mises en boîte, qu’il n’en restera que la daube
Pourquoi ne point donner ce qu’il reste à la science
Qu’elle puisse découvrir l’origine de la démence
Car pour sûr mon cerveau sera intact vu l’état de mes neurones
Qu’il serve encore avant que sa fumée vienne cramer la couche d’ozone
Car si rien d’autre n’est à entreprendre,
amenez moi au crématorium
un beau feu de cheminée, un petit tas de cendres
Que ma poudre serve de terreau aux géranium
où que dans les montagnes vous alliez me rependre
Mais de ce que je serai le plus reconnaissant
C’est qu’à la vie une énième fois je sois naissant
Qu’on s’offre mutuellement un dernier bonus
Qu’on me couvre d’une enveloppe de bois pour servir d’humus
Vous avez compris que poliment je m’en battais les couilles
de reposer sous une plaque de marbre
J’aimerais plutôt que de ma dépouille
on fasse les racines d’un nouvel arbre
Quelle plus belle empreinte à laisser de sa chair
quel plus beau symbole d’un avenir éternel
Que d’avoir les racines dans la terre
et sa cime élevée en direction du ciel
Pour sûr mon arbre poussera de travers
Et il sera habité de quelques vers
Mais laissez-moi avoir l’espoir d’une vie meilleure, d’une vie pérenne
Laissez-moi l’espoir que d’un gland on puisse faire un chêne
Mon arbre plutôt qu’un endroit sur lequel vous recueillir
Venez y avec un panier, les fruits les y cueillir
J’espère qu’il fourmillera de nids d’oiseaux et de repères d’écureuil
Ça me paraît quand même un plus beau devenir qu’un cercueil
Et quoi de plus normal pour un fumier que de terminer en compost
Que comme écorce un arbre puisse avoir les traits de mon périoste
Vous avez compris, ça ne me plaît pas de finir entre quatre planches
Mais être réincarné en arbre, bien ça, ça me branche

 

« Dernières volontés » (28.07.2019)