Ce n’est pas l’amour, j’entends le sentimental, qui avait créé cet état grâce. Quand bien même était-il né exactement ? Ses rayons avaient frappé mon âme, ma conscience à l’aube de l’automne l’an dernier mais la source produisait progressivement son énergie depuis 2 à 4 mois. Cet état de grâce était en gestation et l’accouchement, douloureux, se produisait ce 20 septembre 2019, à jamais gravé.

Il avait connu ses heures de gloire, tout l’automne 2019, tout le printemps 2020, il avait connu des coups de mou, la traversée de l’hiver, le mois de juillet…

Mais ce matin du 29 septembre, alors que je dépose Marion à la gare d’Austerlitz, alors qu’on s’installe dans une nouvelle période de fermeture de la salle, c’est à 9h51 quand Merryl m’écrit pour me dire que Marion a vraiment tourné la page que l’état de grâce s’arrête subitement, comme si le soleil s’éteignait.

Comme si la promesse de l’amour, même illusoire, même contrariée, avait été mon moteur pour le prolonger. Aujourd’hui ça me semblait fini, et ça me semblait même déjà loin.

Le retrouverai-je, un jour, cet état transcendantal qui m’avait tant élevé ? Je peux maintenant dire que j’en ai fait un état quotidien

 

Un jour, tu ne sais pas pourquoi, la vie te choisit
On appelle ça le hasard, je crois que c’est plutôt le destin
Quand le soleil t’éclaire, comme si s’allumait ta bougie
Quand tu brilles de mille lumières, ton flambeau à la main
Quand tu te délestes de tes souffrances et de tes peurs
Quand ton corps et ton âme brisent leurs carapaces
Quand tu joues ton vrai toi, ton vrai jeu, atout cœur
Quand tu es toi de toute ta force, on appelle ça l’état de grâce

Alors tu te révèles à tes yeux, à ceux du monde
Tu cours sous la pluie même quand le tonnerre gronde
Tu laisses tout ce qui te brûlait au bord de la route
Quand enfin tout devient clair, que tu te regardes et que tu t’écoutes
Quand tu es enfin capable de donner ta meilleure version
Quand la passion et la raison résonnent à l’unisson
Quand tes faiblesses s’effacent et que ta force parvient à la surface
Quand la clarté vient à ta face, on appelle ça l’état de grâce

Pourquoi ça t’arrive, cela vient-il de toi ou du ciel
Est-ce le fruit de mon travail, ou celui de la chance
Peu importe, dans ces moments, tu es loin des questions existentielles
Tu fonces juste, guidé par la lumière, guidé par la brillance
Celui fait que plus aucune barrière ne semble infranchissable
Car la vie te montre le chemin, et tu as juste à suivre sa trace
Celui que tu aimes de toutes tes forces, celui de l’amour véritable
Quand la vie prend toute sa valeur, on appelle ça l’état de grâce

Et moi, j’en ai la chance d’être frappé par cette sensation
A planer sur mon nuage, quand toutes les douleurs ne sont qu’information
A continuer ma route la main cassée, le cœur qui prend des pelles
Cette souffrance que tu parviens à ignorer, car la vie t’appelle
Avec ces raisons d’avancer, la vie devient douce comme du miel
Tu te dis que rien n’est impossible, car tu deviens audace
Et tu comprends que tes limites n’étaient que superficielles
Et tu tentes, et tu réalises on appelle ça l’état de grâce

Alors à quel moment le train déraille et prend une route tordue
Est-ce que c’est ta faute, parce que tu as une mauvaise direction
Ou est-ce juste le destin qui décide quand la vie reprend son du
A quel moment la grâce te quitte pour choisir une autre destination
La vie finit par te rattraper, au-dessus de ta tête, s’envole ton étoile
Tu te remets en question, tu ne dis que tu n’as su en prendre soin
La nuit succède au jour, et sur tes yeux se repose doucement ce voile
Tu n’as pas bougé, mais ton état de grâce, lui, s’en est allé loin

Alors quand il retombe, aussi violemment qu’il était arrivé
Toi, tu retombes avec lui, plus profond que tu n’étais jamais allé
Car tu sais qu’il est parti, tu prends conscience que ta chance est passée
Ne regrette pas qu’il t’ait quitté, sois heureux de ta chance de l’avoir rencontré
Pourtant ta flamme s’éteint, et tu es de nouveau dans le noir,
Dans ta glace, tu ne vois plus le même teint et tu veux briser ton miroir
Pendant an, j’ai volé au-dessus de la vie, c’était mon état de grâce
Mais maintenant tout est froid, et même la vie me laisse de glace

 

L’ETAT DE GRACE (11.10.2020)