« Une obsession est une passion négative, une passion est une obsession positive », je ne saurai citer l’auteur de cette phrase mais comment faire autrement que de la citer.

Ou les dérives d’une pratique sportive, cette passion, qui m’a profondément transformé, me permettant tant de m’exprimer, de me faire mûrir, de naître quelque part que me faire souffrir, d’empêcher le développement des autres facettes de mon existence comme la vie sociale.

Cette bigorexie c’est aussi le symbole des troubles du comportement alimentaire car elle s’est installée en parallèle.

Je crois qu’en cela nos histoires se ressemblent tellement…

Aujourd’hui je m’étais fait la promesse de ne pas m’entraîner
Je vous promets que j’ai essayé mais j’ai fini par craquer
Je ne peux comprendre, pourquoi ai-je donc ce manque de volonté
Ce matin c’est l’histoire de ma vie, et je m’en vais vous la conter
Je suis ce poète pour qui le sport est le premier mot à mon lexique
Pour être honnête, je crois que j’ai un petit penchant bigorexique
Passion enivrante que je viens pratiquer au-delà du raisonnable
Addiction dévorante que je viens exprimer au-delà du profitable
Toutes les heures et les séries viennent parfois perdre leurs sens
Et se sont transformées en années, c’est ma vie depuis l’adolescence
Quand bouboule rencontra un vélo, ce fut une sacrée révélation
Et il ne fallut pas bien longtemps qu’il n’en devienne ma religion
La base de ma pyramide de Maslow, le sport comme besoin élémentaire
Pour apaiser ma violence intérieure, pour compenser les excès alimentaires
Cette force allait devenir addictive, je ne le savais pas encore
Une obsession maladive que de rouler pour devenir plus fort
Toujours aller plus loin dans les limites, c’est le sommet de mes idéaux
À l’entraînement j’en fais beaucoup et je finis par en faire trop
Pourtant parfois j’essaie de me lancer des défis sages
Mes mon addiction reprend le dessus et me dévisage
Les jours passent, j’enchaîne les tractions et les heures de home-trainer
Sans récup, trop barré pour suivre mes propres conseils d’entraîneur
Bien conscient d’être installé dans ce qu’on appelle surentraînement
Quand je me ramasse à la pelle, car je pratique tout abusivement
Endurance pour sculpter mon mental, musculation pour sculpter mon corps
Souplesse, endurance et physique athlétique, un ensemble pour me sentir fort
Être le plus complet possible, cercle vicieux qui ne tolère plus la faiblesse
Côtes cassées ou dos en vrac, je n’écoute pas mes signaux de détresse
Mon corps me trompe, hormones en leurre, je carbure aux endorphines
Je m’accroche, l’air errant, sans même prendre une aspirine
J’ignore les messages de douleur et je suis en mode zombie
Et mes proches et mes clients me regarde d’une façon zarbi
Car peu importe, toujours avancer et repousser mes propres frontières,
Chaque jour en faire moins que demain mais être meilleur qu’hier
J’ai eu trop longtemps la compétition comme principal leitmotiv
Aujourd’hui c’est le combat avec moi-même qui me motive
Car la vie est ainsi, ma passion a pris aussi quelques impacts
Et je suis heureux d’avoir réussi à garder mon envie intacte
Ne vous méprenez pas, le sport est surtout la source de mes plus beaux souvenirs
Ma passion, ma raison d’être, ce qui me fait avancer dans la vie avec le sourire
Sans rancune pour ce sport qui mon corps a bien scarifié
Vie sociale, pro et privée qu’il a souvent un peu sacrifiée
Contradiction tant je suis fier de mes blessures, de mes cicatrices
J’ai toujours vécu mes choix comme un investissement, jamais comme un sacrifice
Alors loin de moi l’idée de me plaindre de ma condition
Je viens plaider que le sport est la première de mes convictions
Juste alerter qu’il peut être dangereux, comme toute addiction
Quand le sport devient drogue, attention à en surveiller la direction
Je suis ce poète pour qui le sport est aussi le dernier mot au lexique
J’ai été honnête, je vous ai contés mon gros penchant bigorexique

 

BIGOREXIQUE (05.04.2020)