C’était déjà le cas avec « performance », mais là, ce week-end que nous passons chez Delphine, je remets plus que jamais en doute mon identité de compétiteur… pas mon esprit, il est indéniable, encore qu’il se dirige davantage dans la performance que le résultat, dans cette lutte à chercher être meilleur aujourd’hui que hier, à progresser encore demain et peut-être que je sois devant ou derrière un tel tant que je donne le meilleur de moi.

Une réflexion tellement amplifiée par ton histoire, par les émotions négatives que je vois en toi par cet esprit dans lequel l’enjeu a pris le pas sur le jeu.

Avant je m’interrogeais si je pouvais être heureux sans compétition, aujourd’hui c’est l’inverse, puis-je l’être avec ?

 

A voir, entendre, lire ou vivre ci et ça, j’en ai parfois plein les bourses
Pour la première fois, je pense à vraiment à me mettre hors course
Pendant des années, mon esprit n’était tourné que vers la compétition
Mais aujourd’hui est-ce vraiment là où je viens puiser mes émotions ?
Avant il y avait ce besoin pour aller chercher au plus profond de moi
Ce temps où la soif de victoire était presque une profession de foi
Les années m’ont appris à aller dépasser mes limites sans objectif
Mes combats et espoirs suffisent à rendre mes coups de pédale plus incisifs
Aujourd’hui je m’interroge même si le moteur n’est pas devenu frein
Si la recherche d’un résultat n’enlève pas une part à mon entrain
Quand tu ne peux pas donner ton 100% pour des raisons tactiques
Quand l’esprit s’apparente parfois un peu trop aux jeux du cirque
J’ai développé du dégoût au besoin de montrer qu’on est meilleur que l’autre
Aux sourires narquois et à la satisfaction de quand ton adversaire se vautre
De ce côté un peu marche ou crève qu’on trouve même au bas de l’échelle
De cette peur de l’échec qui empêchent certains de lever le cul de la selle
Ma petite expérience de «pro» m’a démontré que je m’étais fourvoyé
Je n’étais pas à ma place, sans spontanéité, comme un lion qui essaie d’aboyer
Des coups de mou m’avait déjà fait songer à me mettre hors course
Pour la première fois quand je suis à 100% de mes ressources
Je dérange par mon côté impulsif et mes coups de gueule
Il arrive un moment où je crois que je préfère les vivre seul
Quand j’arrive à me dépasser plus sur mes séries d’intermittent
Qu’au milieu de la frénésie de la foule et des autres participants
Quand les efforts me paraissent trop courts, que je te termine encore debout
J’ai le dépassement dans la peau, je me sens bien juste quand je vais au bout
J’ai envie d’ouvrir mes horizons, découvrir des activités, escalade ou ski de fond
J’ai aussi pris rendez-vous avec moi-même, comme celui de courir un marathon
Explorer les délices d’un ironman, titiller les supplices de l’ultra
Mon corps va souffrir, j’ai encore des défis à tour de bras
M’exprimer aussi sur un ring, faire sortir cette énergie, cette violence
Me sentir meilleur sur un vélo, aller faire péter mes valeurs de puissance
Mais pour ça, ai-je vraiment d’encore épingler un dossard, n’est-ce pas un surplus
De n’être qu’un numéro, quelle valeur ce bout de papier posé sur un bout de tissu ?
J’ai des défis plus grands que franchir une ligne d’arrivée premier
A ça plutôt partager un bout de route ensemble avec un équipier
Me mettre en scène, pour de plus nobles causes encore à trouver ?
Car finalement à part à moi-même, je n’ai vraiment rien à prouver
Peut-être aussi que je doute sur ma capacité à me libérer de mes troubles addictifs
Que TCA et bigorexie appréhenderont mieux ce vivre le sport en mode plus intensif
Compétiteur ou non, je garderai toujours le dépassement de moi comme philosophie
Et en mémoire toutes ces valeurs de courage ou partage qui ont inspiré mes poésies
Même si j’ai croisé de vrais gros connards, les super rencontres ont été légion
Même si je viens plus croiser le fer, je garderai en mémoire tous ces gens bons
Je n’ai pas encore choisi, je vais hiberner un temps comme un vieil ours
Mais pour la première fois, je pense vraiment me mettre hors course