Dans ces moments de noir où tout semble s’éclairer.
De ces nuits où la tête pense trop pour pouvoir dormir, alors elle emmène mes jambes se dégourdir le cœur.

J’avance je recule j’avance je recule je m’arrête et je me lâche
je me sens comme un phallus ou disons un magnétoscope
courageux brutal sensible fort fragile et aussi un peu lâche
plongée en moi même pour m’observer au périscope
Au rythme cyclique de mes foulées
je viens sur le sol la terre me dérouler
ce temps nocturne qui vient lentement s’écouler
tête et corps ensemble s’en vont se défouler
Je cours parfois jusqu’à en perdre haleine
parfois sur des nuages plus doux que la laine
parfois dans des tempêtes plus dures que la haine
la chaleur d’un sang bouillonnant dans les veines
J’épanche mes questions et mes erreurs
ma peau n’est pas étanche j’y verse ma sueur
ou peut-être sont-ce des pleurs
mais en ce temps je n’en reconnais les saveurs
car la sueur est la larme du corps
car les pleurs sont la pluie du cœur
je cours, faible mais ça me rend fort
le pouls de ma poitrine, je sens mon rance cœur
L’équilibre précaire entre le bien et le mal
ils se jaugent et se toisent et là ils se valent
comme cette douleur dont j’ai fait une douce sœur
comme cette douceur qui s’exprime en doux leurre
Ma plume ou mes jambes sont actives la nuit
que le ciel soit étoilé, que la bruine soit pluie
je déploie mon âme sur le papier ou le bitume
comme pour éteindre cet incendie qui me consume.

 

JE COURS LA NUIT (28.11.2019)